LE 6E RAPPORT DU GIEC ÉPLUCHÉ

1er volume - Sciences physiques du changement climatique

Le 9 août 2021, les scientifiques internationaux ont publié un nouvel état des lieux du climat, ainsi que des prévisions, dans le cadre du 6e cycle de travaux du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC). Ce premier volume est le fruit de 3 ans de travail, par 234 auteurs de 66 pays, s'appuyant sur plus de 14.000 références scientifiques.

Ce rapport est un cri d’alerte, qui doit pousser l'humanité toute entière à l'action. Le GIEC affirme que nous pouvons encore agir, mais qu'il faut faire (très) vite. Il est encore possible de limiter les conséquences du changement climatique d’origine anthropique. À l'inverse, si nous n'agissons pas, les conséquences sur la vie humaine et l'ensemble du vivant seront d'autant plus graves. Chaque demi degré de réchauffement compte, chaque année compte.

 

Le réchauffement est clairement dû à l’activité humaine (en marron), pas aux variations naturelles (en vert)

 

Les conséquences locales

Observations et prévisions en zones montagneuses

  • Les glaciers vont continuer à fondre en masse et le permafrost va continuer à dégeler pendant au moins plusieurs dizaines d’années, même si la température globale est stabilisée.

  • L’altitude du niveau de gel va monter, ce qui impactera les conditions de neige et de glace.

  • La couverture neigeuse diminuera sur les Alpes européennes, pour les altitudes inférieures à 1500-2000m durant le 21e siècle (en quantité, en étendue et en durée annuelle). Pour un réchauffement contenu entre 1,5 et 2°C, 20% de la couverture neigeuse de printemps risque de disparaître par rapport à la période 1995-2014. Entre 3 à 5°C de réchauffement, 50% de cette couverture pourrait être perdue.

  • Les précipitations extrêmes risquent d’augmenter, avec des conséquences en cascade: inondations, glissements de terrain...

  • La stabilité des pentes montagneuses sera remise en question à cause de la fonte du permafrost et de l’augmentation des précipitations extrêmes.

  • Ces changements seront un défi pour l’approvisionnement en eau, la production d’énergie, l’intégrité des écosystèmes, la production agricole et forestière, le tourisme...

Les conséquences régionales

Observations et prévisions en Europe de l’Ouest et Méditerranée

  • Les températures devraient augmenter plus vite que la température planétaire.

  • La fréquence et l’intensité des extrêmes de chaleur vont continuer à augmenter. Les seuils critiques pour les écosystèmes et les humains devraient être dépassés pour un réchauffement global de 2°C ou plus.

  • Les sécheresses devraient devenir plus sévères et persistantes (un évènement centennal actuel pourrait advenir tous les 2 à 5 ans d’ici 2080), notamment à cause des pluies plus rares et d’une plus grande évapotranspiration.

  • Augmentation prévisible des inondations pluviales et des crues de rivières pour un réchauffement à 1,5°C et 2°C ou plus.

  • Important déclin des glaciers, du permafrost, de l’étendue de la couverture neigeuse et de la durée de la saison d’hiver en altitude sont observés et vont continuer dans un monde qui se réchauffe.

  • Le niveau relatif de la mer va augmenter. Les fronts de mer vont reculer au fil du 21e siècle. En 2100, il est probable que le niveau de la mer ait augmenté de 28 à 55 cm si les émissions de GES sont très faibles et de 63 cm à 1,01 m pour des émissions très élevées. Pendant les 3 derniers millénaires, le niveau des mers n’a jamais augmenté aussi rapidement.

  • Des épisodes littoraux extrêmes deviendront plus fréquents et plus intenses, menant à davantage d’inondations.

En ville

Observations et prévisions en zones urbaines 

  • L’urbanisation est partiellement responsable des différences de température observées entre les villes et leurs alentours et exacerbe l'augmentation des températures en ville, en particulier la nuit.

  • Cette tendance au développement de l'urbanisation et l'augmentation d’évènements climatiques extrêmes, comme les vagues de chaleurs, auront de grandes conséquences (augmentation du stress thermique).

  • L’urbanisation altère le cycle de l’eau, donnant lieu à des précipitations plus importantes et augmentant l’intensité du ruissellement de surface.

  • Un climat plus chaud devrait augmenter la concentration de pollution de l'air à l’ozone de surface (polluant de l’air toxique à ce niveau).

Les conclusions du GIEC

  • Il est sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, les océans et les terres.

  • Les effets du réchauffement sont déjà visibles partout dans le monde. En Europe, des sécheresses ou des inondations sont plus fréquentes, les glaciers des Alpes fondent. L’augmentation des températures se fait sentir partout et surtout dans les villes. L'attribution des phénomènes extrêmes à l’influence humaine s'est renforcée depuis le 5e rapport du GIEC (2014).

  • En continuant au rythme actuel, les 1,5°C de réchauffement seront probablement atteints autour de 2030 et resteront au-dessus de ce seuil symbolique jusqu'à la fin du siècle. La trajectoire actuelle nous conduit à +3°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

  • Les risques sanitaires, agricoles, alimentaires, hydrologiques, économiques et liés à la sécurité des personnes devraient augmenter si le réchauffement atteint 1,5°C, et d’autant plus s’il atteint 2°C.

  • Les pluies extrêmes vont grimper de 7% à chaque degré supplémentaire de réchauffement.

  • Le GIEC nous met en garde contre les points de bascule. Certains aspects du système climatique pourraient chavirer et avoir des conséquences dévastatrices, tels que la fonte des calottes glaciaires, les modifications brusques des courants marins, le relâchement de méthane par la fonte du pergélisol ou un dépérissement des forêts. La probabilité est faible ou inconnue, mais elle augmente avec le réchauffement. Au-dessus de +1,5 °C, notre avenir sera imprévisible et les dangers importants. Ces points de non-retour pourraient advenir à l'échelle mondiale comme à l’échelle régionale.

  • Un réchauffement de 1,5°C n’aura pas du tout les mêmes conséquences environnementales, sanitaires et sociales qu’un réchauffement à 2°C, c’est pourquoi il est primordial de limiter au maximum le réchauffement.

  • Pour limiter le réchauffement global à 1,5°C, il faut réduire les émissions nettes de CO2 d’origine humaine d’environ 45% en 2030 par rapport à 2010 – et atteindre la neutralité carbone en 2050.

  • Des transitions rapides et radicales sont nécessaires dans les domaines de l’énergie, de l’aménagement des terres, de l’urbanisme, des transports et bâtiments et des systèmes industriels.

Chaque tonne de CO2 émise participe au réchauffement climatique et il existe un lien entre les émissions cumulées de CO2 depuis 1880 et l’augmentation de la température mondiale. Le réchauffement dû aux activités humaines continuera pendant des centaines ou des milliers d’années, étant donné la durée de vie très longue du CO2 dans l'atmosphère.


 

©MétéoFrance - L’augmentation des températures est particulièrement marquée dans les Alpes du Nord