LES SOLUTIONS POUR LIMITER LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

3e volume du 6e rapport du GIEC (avril 2022)

Publié le 4 avril 2022, le 3e volet du 6e rapport du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) évalue les solutions pour atténuer le changement climatique et dévoile un itinéraire clair pour réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES).

Alarmant mais encourageant

Ferme sur l’urgence d’agir rapidement, ce rapport est également encourageant. Selon le GIEC, il est encore possible de maintenir un réchauffement de 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, mais pour cela, il faut agir plus vite et plus fort.

Une tendance à +3,2 à +5° de réchauffement

L'action politique déjà mise en œuvre a permis d’améliorer l’efficacité énergétique, de réduire les taux de déforestation ou encore d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables, mais cela reste insuffisant. Même si la croissance des émissions a ralenti (1,3% par an) par rapport à la décennie précédente (2,1%/an), la tendance actuelle mène à une augmentation du réchauffement de 3,2 à 5°C à l’horizon 2100.

Il est donc urgent de mettre en place de nouvelles stratégies pour limiter notre impact sur l’environnement et c'est encore possible.

 

©GIEC - Émissions anthropiques nettes historiques cumulées de CO2 / région

 

Des degrés de responsabilité différents

Tous les pays n’ont pas la même responsabilité face à ce désastre climatique. Les territoires avec un développement économique plus élevé contribuent plus fortement aux émissions de GES. De la même manière, les ménages dont le revenu se situe dans les 10% les plus hauts, sont à l’origine de 36 à 45% des émissions mondiales de GES.

La réussite des changements systémiques ne sera donc possible que grâce à une volonté politique forte des pays les plus riches.

3 ans pour inverser la tendance

Il est urgent d’inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre pour permettre de contenir le réchauffement dans des limites vivables. Selon le GIEC, l'humanité dispose de 3 ans pour réduire ses émissions de GES. Il faut avoir atteint le pic des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025.

Ensuite, selon le scénario retenu, il faudra réduire les émissions de 43% (+1,5°) ou de 27 % (+2°) par rapport à 2019 à l’horizon 2030.

Enfin, il faudra atteindre la neutralité carbone (n’émettre que la quantité de CO2 que la planète est capable d’absorber) en 2050 (+1,5°) ou 2070 (+2°).

Mais la neutralité n'est pas une fin en soit, il faudra développer massivement les énergies dites à émissions négatives d’ici 2070. Cela reviendrait à éliminer les émissions en utilisant des technologies ou des mécanismes naturels comme la forestation / reforestation, mais aussi la bioénergie.

Sortir du fossile

Malgré les impacts déjà visibles du réchauffement climatique, “les flux financiers privés et publics vers les énergies fossiles sont toujours plus importants que ceux pour l’adaptation et l’atténuation du changement climatique”. Or, si l'humanité continue d'investir dans les infrastructures d’énergies fossiles, l’objectif de 1,5°C de réchauffement sera hors de portée.

Le secteur de l’énergie est responsable à lui seul de 75% des émissions de GES (carburants, charbon, gaz, électricité, chaleur…). Il faudrait donc diminuer l’usage du gaz, du pétrole et du charbon d’environ 45, 60 et 95% respectivement d’ici 2050 et mettre en place la capture et la séquestration du carbone, bien que ces technologies soient à ce stade d'une efficacité incertaine.

Agir maintenant sera moins cher

D'autre part, pour faire face à l’ampleur du défi, il faudra 2 à 4 fois plus d’investissements dans la protection du climat en Europe. Le GIEC estime que les investissements nécessaires coûteraient moins cher que les dommages économiques provoqués par le réchauffement climatique.

Les capitaux et les liquidités existent et il est donc nécessaire, selon les auteurs, que les gouvernements et la communauté internationale alignent les finances avec les politiques publiques.

Il faut également soutenir la recherche et aider les pays les plus vulnérables qui doivent faire face également à des enjeux d’accès à l’énergie et à l’éradication de la pauvreté.

3 leviers pour la transition énergétique

1. Décarboner la production

Il faut investir massivement dans les énergies bas-carbone dont certaines ont des coûts compétitifs comme l’éolien, le solaire et l’hydraulique. Depuis 2010, les coûts de l’énergie solaire ont chuté de 85 % et ceux de l’éolien de 55 %.

Concernant les techniques de capture de carbone, à l’heure actuelle, seules les captures de carbone par les écosystèmes naturels sont réellement efficaces.

2. Améliorer l'efficacité énergétique

Il s’agit ici d’électrifier les process industriels et le secteur des transports pour réduire la demande pour les énergies fossiles.

3. Avoir recours à la sobriété énergétique

La sobriété énergétique consiste à réduire la consommation d’énergie, en opérant des modifications sur les modes de vie et les habitudes de chacun (baisser le chauffage, généraliser le covoiturage, démocratiser le télétravail, tendre vers la production de produits durables et respectueux de l’environnement…).

Les changements de comportements sont basés sur 3 principes :

  • Éviter : par ex, réduire, éviter les vols longs courriers.

  • Changer : par ex, passer à un régime alimentaire basé sur les végétaux.

  • Améliorer : par ex, renforcer l'efficacité énergétique des bâtiments.

Tous les secteurs doivent agir

Le GIEC a identifié une soixantaine d’actions dans pratiquement tous les secteurs, qui permetteraient de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 de 40 à 70%.

Dans le secteur de l’agriculture

Il faut réduire les engrais de synthèse, diversifier les cultures, associer arbres, cultures et bétail sur une même parcelle, cesser la déforestation, mettre fin à l’élevage industriel, se tourner vers des régimes alimentaires plus végétaux, réduire les pertes et le gaspillage alimentaire...

Dans le secteur du bâtiment

Il faut rénover les bâtiments existants pour qu’ils aient une meilleure performance énergétique et les futures constructions devront être construites à haute performance énergétique.

Dans le secteur de la mobilité

Il faut réduire la demande de transport (avec la mise en place du télétravail ou la limitation de l’étalement urbain), développer les transports en commun, les pistes cyclables, électrifier les véhicules…

Dans le secteur de l’industrie

Il faut non seulement avoir recours à l'efficacité énergétique, mais aussi à l'efficacité des matériaux, améliorer le recyclage, réduire les émissions autres que le CO2, avoir recours à l’économie circulaire…

Ne pas oublier la justice sociale

Garder un niveau de vie et un bien-être décents, tout en réduisant l’impact carbone des ménages les plus aisés, est tout à fait possible. Les gouvernements doivent également accélérer la coopération internationale pour aider les pays les plus pauvres et les plus vulnérables, qui ont pourtant une responsabilité moindre dans la crise climatique.

Record historique en 2021

Le monde n'est pas sur la bonne voie. Les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie ont grimpé de 6% en 2021 pour atteindre un record historique, il est possible d’échapper à la catastrophe, mais il va falloir faire vite et fort.

Chaque dixième de degré supplémentaire compte, et tout le monde doit y mettre de sa volonté. Les politiques doivent être adaptées à l’urgence climatique et doivent permettre aux citoyens de pouvoir faire preuve de sobriété.