Tunnel du Mont-Blanc - Le rail pour sortir de l’impasse

Des travaux de grande ampleur au tunnel du Mont-Blanc

Le Tunnel du Mont-Blanc doit subir des travaux de rénovation profonds sur sa structure. La dalle du tunnel doit être remplacée et sa voûte rénovée. En 2023 et 2024 deux phases tests de travaux expérimentaux sont prévues. "Sans ces phases test, il est impossible et inconsidéré d’annoncer aujourd’hui un quelconque programme pour ces travaux d’ampleur", annonce l'ATMB dans un communiqué, le 13 décembre 2022.

 

Travaux sur la dalle du tunnel @ATMB

 

Un chantier-test en 2023 et 2024, pendant 3 mois et demi

Le chantier de la voûte du tunnel engendrera la fermeture totale de l'ouvrage de septembre à décembre 2023 et à nouveau en 2024. 600 mètres de voûte seront rénovés chaque automne. Ce n'est que suite à ces travaux que les spécialistes pourront évaluer la durée totale du chantier, mais nous pouvons dores-et-déjà imaginer que ce sera long !

Pour la dalle, les travaux auront lieu uniquement la nuit. Ils se dérouleront entre avril et juin, pendant trois ans encore (2023, 2024 et 2025).

Le rail pour sortir de l'impasse

Inspire et les associations du mouvement France Nature Environnement souhaitent que ces longues périodes de fermeture soient l'occasion d'utiliser les capacités du réseau ferroviaire existant pour sortir de l'impasse. Le moment est opportun  pour amorcer enfin le report vers le rail d’une partie du transport de marchandises à travers les Alpes. Dans le contexte actuel d'augmentation du prix des carburants, couplé à une pénurie de chauffeurs routiers, le report modal doit s'imposer. Sans parler des vertus du rail pour le climat et la qualité de l'air. 

En automne, le trafic poids lourd est intense. 2000 poids lourds par jour traversent le tunnel du Mont-Blanc en moyenne, avec des pointes journalières à 2500 camions en milieu de semaine. Laisser ce trafic se reporter vers Chambéry et la Maurienne sans proposer d'alternative ne serait pas acceptable, d'un point de vue environnemental, comme sociétal.

 

Photo James Wheeler

 

Des capacités ferroviaires sont disponibles d’après SNCF Réseau 

Le trafic fret sur la ligne existante du Mont Cenis est tombé à environ 3 millions de tonnes de marchandises par an, par rapport aux 10 millions de tonnes d'il y a 20 ans. SNCF Réseau Auvergne Rhône-Alpes nous a confirmé, lors d'une rencontre en juin 2022, que des capacités fret étaient disponibles sur la ligne ferroviaire existante du Mont Cenis, bien que limitées entre autres par les travaux sur la ligne. Des marges existent donc pour amorcer dès aujourd’hui et sans attendre le report d’une partie des poids lourds vers le rail.

L'ingrédient manquant sera-t-il la volonté politique, qui fait défaut depuis plusieurs décennies en France pour le redéploiement du fret ferroviaire à travers les Alpes ?

Des incitations peuvent mettre les marchandises sur la bonne voie

Les associations proposent de favoriser le recours au rail grâce à plusieurs dispositifs qui permettront d’inciter les entreprises à franchir les Alpes par le rail : la création d’un système de bonus-malus expérimental pendant 3 ans, le triplement de l’aide à la pince pour le transport combiné, et une campagne de communication sur les autres aides disponibles, comme les Certificats d’économie d’énergie pour l’achat ou la location de containers, ou la nouvelle aide aux transports par wagons isolés.

 
 

Non au doublement de l'un des tunnels routiers

La transformation de la galerie de sécurité du tunnel du Fréjus en 2e tube de circulation routière serait tout aussi inacceptable. C'est pourtant ce qui est prévu, alors que la déclaration d'utilité publique porte uniquement sur une galerie de sécurité, jugée indispensable pour assurer la sécurité des usagers, depuis la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc qui coûta la vie à 39 personnes en 1999. En Italie des voix s'élèvent déjà pour demander le doublement du tunnel routier du Mont-Blanc.


Anne InspireCommentaire