Sur-protection du sommet et sur-exploitation ailleurs

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Projet d'arrêté de création d’une zone de protection du Mont-Blanc

Il est bien entendu important de lutter contre la sur-fréquentation du Mont-Blanc et les incivilités sur le toit des Alpes. Or, l'arrêté, tel qu'il est proposé, n'est pas satisfaisant. Nous sommes opposés à ce projet de texte, qui est discriminatoire envers les différents usagers du site d'exemption du Mont-Blanc et qui ferme les yeux sur des atteintes permanentes à l'environnement, autrement plus dramatiques que la sur-fréquentation de la voie d'accès au sommet du Mont-Blanc en juillet et en août.

Les interdictions proposées s'adressent aux "ascensionnistes", donc aux personnes cheminant vers le sommet du Mont-Blanc. L'arrêté ne peut pas s'appliquer, de façon discriminatoire, aux seuls alpinistes et exempter les autres utilisateurs du secteur, tels que les chasseurs, ou les autres pratiquants des lieux (traileurs par exemple).

D'autre part, il est incohérent de vouloir imposer des mesures draconiennes dans ce secteur, tout en acceptant de laisser construire des projets dévastateurs pour la nature et la biodiversité, quelques centaines de mètres en dessous du secteur protégé. Une route forestière, dans le secteur du col de Voza, en partie dans le site classé du Mont-Blanc, est par exemple en projet actuellement. Il y a un an, l'autre versant subissait des travaux colossaux, avec le remodelage de la piste du Kandahar aux Houches.

Enfin, comment peut-on vouloir sanctuariser le sommet du Mont-Blanc sans avoir une action sur la plus grande source d'impact environnemental à son pied : le trafic routier ? Le tunnel du Mont-Blanc, à plus de 1200m d'altitude, enregistre le passage de près de 2 millions de véhicules par an (1,3 million de voitures et 620.000 camions). De plus, l'accès aux vallées du Mont-Blanc et aux sites touristiques se fait très majoritairement en voiture individuelle, avec une offre en transports en commun souvent incomplète ou absente, en particulier pour l'accès au Val-Montjoie. De plus, les parkings, très nombreux au pied des activités touristiques autour du massif du Mont-Blanc, sont des incitations à utiliser la voiture pour les déplacements touristiques et locaux.

Proposition alternative

Inspire propose que la protection du Mont-Blanc soit imaginée avec tous les acteurs du territoire, autour des services de la Préfecture, comme a pu l'être le 2e Plan de Protection de l'Atmosphère de la vallée de l'Arve. Ceci permettrait d'ouvrir le champs des solutions aux propositions d'un grand nombre d'acteurs et de parvenir à dénicher des solutions efficaces, consensuelles et acceptées, pour protéger le massif du Mont-Blanc.

Presse

Libération - 7 décembre 2020 - Le massif du Mont-Blanc, espace désormais protégé… mais a minima

Anne Inspire1 Comment