Le luxe de bétonner la montagne

Quel est le bilan environnemental de cet immeuble aux Houches, qui a pris la place d'un flanc de montagne et est construit exclusivement en béton, par une entreprise de construction industrielle du Haut-Rhin, près de Mulhouse ?

D'abord, il aura fallu des mois de travaux pour excaver la montagne. Avec la fièvre de l'immobilier en Haute-Savoie, les entreprises ne savent plus où stocker les terres et rochers. Beaucoup sont déposés illégalement sur des terres agricoles ou naturelles, voire humides, aggravant encore l'impact environnemental des constructions (voir le scandale actuel du Plateau de Loëx à Arthaz).

Puis, niveau après niveau, c'est le béton qui a remplacé la montagne, dans une escalade sans fin. La fabrication du béton est énergivore à souhaits. Il faut 10 fois plus d'énergie pour produire du béton armé (1850 kWh/m³) que du bois de charpente (180 kWh/m³).

Avant 2019 / Après 2022

Les lits froids à la montagne ça gagne

Depuis leur logement, les propriétaires des 54 appartements pourront admirer les effets du changement climatique sur la haute montagne: les glaciers jaunissants et grisonnants, les éboulements incessants dans les aiguilles rocheuses, les chutes trop fréquentes de séracs...

Ils pourront aussi contempler la nouvelle piste d'arrivée du Kandahar, qui malgré les millions d'euros engloutis et les milliers de tonnes de terres déplacées pour sa réalisation, n'a toujours pas vu de course de descente de ski alpin l'électriser.

Tout ça pour ça !

Pire, des programmes de réduction fiscale aident les propriétaires et spéculateurs à acquérir ces appartements luxueux (d'après le promoteur immobilier). Pour la plupart, ils seront loués pendant les vacances. Le reste de l'année, ils seront vides, comme désormais la majorité des logements aux Houches.

Pendant ce temps, les locaux continueront à avoir du mal à trouver un logement décent à prix abordable et continueront à devoir quitter la vallée, souvent à contre-coeur.

C'est tout l'écosystème touristique qui est à revoir, comme l'illustre cet exemple parmi tant d'autres dans les Alpes malheureusement.

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